Témoignages écologistes
Un NOUVEAU CAP écologique :
la permaculture dans notre commune
On entend parler de cette fameuse permaculture, mais qu’est-ce exactement ?
Ses initiateurs sont Bill Mollison, David Holmgren (australiens), René Dumont (que Serge Mackowiak a cotoyé), Pierre Rhabi, et sa genèse fait suite aux chocs pétroliers et notre prise de conscience face aux dilemmes des énergies fossiles.
La permaculture imite les modèles et les relations que nous pouvons trouver dans la nature, appliqués à l'agriculture, la construction, à l'éducation, à l'économie...
La citoyenne et le citoyen passent ainsi du statut de consommateur dépendant à celui de producteur responsable, ils renforcent leurs compétences, savent repartir de zéro (ce qu’on appelle la résilience), ils apprennent à travailler avec le moins d’énergie disponible…
Une éthique pour un NOUVEAU CAP
La permaculture prend soin de la terre, reconstitue le capital naturel, se préoccupe du sol vivant.
L'état du sol est souvent la meilleure mesure de la santé et du bien-être d'une société.
La permaculture prend soin de l’humain en relevant le défi de l'autosuffisance, elle nous fait accepter de porter une part de responsabilité personnelle dans notre situation plutôt que chercher à incriminer les autres, la permaculture se penche d’abord sur le côté positif des opportunités qui s’offrent à nous pour prendre soin de nous-mêmes, de nos proches, et de nos voisins.
La permaculture vise à partager équitablement, mieux raisonner la consommation, partager les surplus, car la croissance de notre consommation et l'extinction accélérée des espèces marines et terrestres montre à quel point le modèle de croissance continue est impossible.
Il faut parfois prendre des décisions difficiles et considérer que ce qu'on a est suffisant.
Parmi vous, chères Capbretonnaises et Capbretonnais...
Qui se rappelle avoir vu travailler un résinier ?
Qui a appris à ramasser les champignons de notre forêt avec des anciens ?
Qui regrette de ne pas avoir transmis de connaissances sur la nature à ses enfants, petits-enfants ?
Qui a remarqué que quand on défriche la forêt, le niveau de la nappe phréatique remonte ou devient instable ?
Qui connait le nom gascon de l’oyat ?
La permaculture sur Capbreton, c'est faire preuve de bon sens,
Observer et analyser: le cycle de l’eau, le cycle solaire, les vents dominants, le climat, les microclimats, les types de sols
Valoriser la diversité de la faune et la flore : augmenter les interactions entre les êtres vivants.
Définir des zones de permaculture : se faciliter la vie, économiser de l’énergie.
Imiter la nature: c’est le meilleur modèle, une forêt bien conçue, un système qui se régénère et produit graines, baies, fruits, fleurs, racines, herbes, légumes...
Chaque élément du système remplit plusieurs fonctions : vers de terre, insectes pollinisateurs, poules... , fournir de la nourriture, nettoyer le sol, le fertiliser, manger les déchets, des insectes potentiellement nuisibles...
Pour vous, nous proposons plusieurs projets sur notre commune :
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Du gourbet (le nom gascon de l’oyat) à la vigne : se réapproprier l’histoire en créant un espace végétal « dune-forêt-vigne », pour revitaliser le sol de parcelles urbaines et l'enrichir de nouvelles productions, en faire un espace à partager, culturel, d'énergies renouvelables.
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Entre mer et terre : sur le port, fabriquer une barge 100% recyclable en se servant de matériaux locaux et de compost issus de notre déchetterie intercommunale, créer un espace de permaculture en production légumière, un espace à partager comme par exemple des échanges internationaux liés à la permaculture et au surf…
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Le cordon dunaire renforcé par des végétaux cultivés en permaculture : les espèces locales et certaines espèces renforçant la structure dunaire peuvent démontrer leur utilité dans le continuum terre-mer capbretonais.
Jean-Marc PECASSOU
La Résilience à l’échelle d’une commune
En temps de crise écologique et sociale, nos sociétés doivent plus que jamais se préparer à affronter des lendemains difficiles, et donc organiser la résilience de leur territoire. La résilience est la capacité d’une communauté à surmonter un choc et à rebondir.
Préparer la résilience à l’échelle d’une commune comme Capbreton demande d’en connaître les risques, non pas divisés en silos, mais pris en compte de façon systémique. Il convient d'analyser la façon dont ils se lient et peuvent s’impacter les uns et les autres.
En France, notre société occidentale thermo-industrielle est exposée à un ensemble de menaces : la crise climatique et la gestion de l’eau, l’artificialisation des sols et la sixième extinction de masse, une contraction potentielle de l’offre de pétrole duquel dépend tout notre système alimentaire, ou l’aggravation des inégalités.
Les défis du XXIème siècle peuvent paraître immenses, pourtant il est possible de s’y préparer car ils nous donnent un cap. Celui de répondre à cette question, posée par l’ingénieur Arthur Keller, spécialisé dans le domaine des vulnérabilités des sociétés :
« Que peut-on faire pour restaurer la nature et notre communauté et pour tendre vers l’autosuffisance territoriale ? »
Préparer la résilience d’une commune implique donc de penser collectivement ses usages et les besoins de la population.
Pour Capbreton, la lutte contre l’érosion du littoral, la protection de l’eau, la gestion des forêts, la mise en place d’une autonomie alimentaire et le redressement de l’économie de la Ville sont autant de points cruciaux à prendre en compte pour établir la stratégie de résilience.
Elle peut s’appuyer sur trois principes fondateurs, tels que proposés par le Pacte pour la Transition :
• Sensibilisation et formation des différents publics
• Co-Construction des politiques locales
• Intégration des impacts de l’urgence écologique et sociale
L’autonomie alimentaire de la commune peut ainsi prendre plusieurs formes : la mise en place d’une régie agricole qui fournirait en fruits et légumes bio/locaux/de saison la restauration collective, comme cela a été fait à Mouans-Sartoux. Mais aussi la protection des terres arables en aidant à l’installation de paysans sur le territoire. Il faut favoriser des pratiques agricoles respectueuses du vivant comme la permaculture et l’agroécologie, la commune peut ainsi faire revenir la biodiversité sur son sol.
Tous les spécialistes sonnent l’alarme pour le dire : cette nouvelle décennie est cruciale pour utiliser les ressources encore disponibles à bon escient, et préparer un futur viable. Capbreton peut devenir exemplaire en la matière. Pour 2020, et pour demain.
Laurie DEBOVE
Mes électrochocs !
Originaire de Capbreton, la nature a toujours été une composante essentielle de ma vie. Au fil des ans une certaine conscience environnementale s’est installée en moi, que ce soit par le biais des médias mais également et surtout par ma propre observation personnelle. J’ai vu à cette si petite échelle l’érosion gagner du terrain, la vue depuis le CERS vers les plages de Labenne se dégrader et les grosses marées recracher de plus en plus de déchets. Un jour ma grand-mère m’a montré une photo d’elle jeune à la plage aux abords de l’Estacade à marée basse, et ce fut pour moi un électrochoc. J’ai pu constater qu’en l’espace d’une soixante d’années (une infime fraction de seconde à l’échelle géologique), la montée des eaux a été bien plus importante que ce que je pensais. Je n’arrivais même pas à concevoir que la mer soit si loin, je ne comprenais pas la photo. Ce problème dont on commençait à peine à parler dans les médias mainstream n’était pas un problème des générations futures mais bien un problème qui avait déjà débuté il y a de cela des décennies et dont nous pouvions déjà en apercevoir des symptômes.
De là, j’ai décidé d’axer mes études sur la lutte environnementale. S’en sont suivies deux formations, une en DUT Énergie puis une seconde en école d’ingénieur en alternance en Hygiène Sécurité et Environnement. Ces deux institutions vantaient une composante environnementale dans leur programme lors des portes ouvertes mais ce n’étaient que des appâts à étudiants. Cet aspect était très peu traité et souvent considéré comme un frein à la productivité des entreprises, conceptions bien loin de mes idéaux… Puis un jour, lorsque j’étais dans l’entreprise qui m’accueillait pour mon alternance d’ingénieur j’ai entendu cette phrase « De toute façon ils vont encore nous embêter (pour rester poli) avec des nouvelles normes (environnementales) l’année prochaine, de toute façon maintenant il n’y en a que pour les écolos ». Cette phrase pourrait être issue d’un dessin de Charb tellement elle est caricaturale. Ce fut le second électrochoc qui m’a fait prendre un nouveau virage, plus radical cette fois-ci, dans l’évolution de ma conscience environnementale. Je ne veux pas travailler avec des gens pour qui la lutte contre les changements climatiques est une contrainte, je veux travailler avec des gens pour qui la lutte contre les changements climatiques est un devoir en tant que citoyen, à la fois envers nos concitoyens (humains, comme animaux et végétaux) mais aussi envers les générations futures. Suite à une discussion avec un ami suivant une formation réellement axée sur l’environnement à Québec City, j’ai démissionné de ma formation d’ingénieur, à tout juste un an avant l’obtention du diplôme, à la plus grande joie de mes parents… A peine quelques jours plus tard le dossier était envoyé et je me suis rendu au Québec quatre mois après. Car il faut aligner ses paroles et ses actes, on ne peut rester assis les bras croisés à fustiger ce qu’il se passe autour de nous sans agir, surtout quand il est question de la préservation de la biodiversité et cette Terre qui nous accueille.
Moins d’un an après le début de cette formation, l’Australie tristement habituée aux sinistres connaît son plus important incendie de végétation depuis celui de 1974-1975 . Du jamais vu en terme de superficie brûlée, de durée et d’écosystèmes touchés. Ce dernier paramètre est le plus inquiétant. En effet, l’Australie n’étant plus en contact avec le continent asiatique depuis le début du tertiaire, c’est-à-dire environ 65 millions d’années, elle est la reine des espèces endémiques. 83% des mammifères, 89% des reptiles, 90% des poissons et 93% des amphibiens sont endémiques. Au moment où je rédige cet article, le 21 janvier 2020, les chiffres indiquent que plus d’ 1 milliard 250 millions d’animaux ont péri à cause de l’incendie de manière directe (brûlés par les flammes) et de manière indirecte (perte de l’habitant, perte des ressources alimentaires etc). En a-t-on entendu parlé dans les médias mainstream ? J’ai eu beau les suivre, je n’ai entendu aucun reportage qui parlait d’autres animaux que les koalas et les kangourous. Alors certes ce sont des espèces vedettes et ça fait bien dans les gros titres pour vendre un maximum d’exemplaires et booster l’audimat. Mais ne pouvons-nous pas attendre, pour une fois, une information complète et rigoureuse de la situation ? A l’heure actuelle l’incendie a plongé une quinzaine d’espèce endémiques dans un état d’extinction proche, là encore silence radio. Il est important que les gens sachent tout l’enjeu écologique qu’il y a, qu’ils se rendent compte de cette mine d’or qu’est l’Australie en matière de biodiversité.
L’effet pervers de ces mégafeux est qu’ils sont si puissants qu’ils créent leur propre microclimat, leurs propres orages et leur propre foudre ainsi que leur propre vent. La foudre créée d’autres incendies, qui sont épandus par les vents du feu en amont etc. Rajoutons à cela une augmentation de l’effet de serre à cause du panache de fumée constamment dégagé, et vous avait une catastrophe naturelle qui met à mal tous les services de sécurité de l’Australie, et qui plonge son premier ministre, Scott Morrison dans une situation plus qu’embarrassante. Car oui, l’Australie c’est la barrière de corail, les forêts d’eucalyptus où grouillent les koalas, des sols peuplés de mignons petits wombats, mais c’est aussi une économie minière si puissante qu’elle en est un lobby tout aussi puissant que le lobby des armes à feu aux États-Unis. Et Scott Morrison, du Parti Conservateur australien, et aussi soucieux de l’environnement que Donald Trump ou Jair Bolsonaro au Brésil. En d’autres termes, c’est un climato-sceptique pieds et poings liés au lobby minier. C’est donc en toute logique qu’il nie la responsabilité de son gouvernement dans ces catastrophes, il faut néanmoins avouer qu’il n’est pas seul responsable de ce qui se passe, mais que mener de telles politiques y contribue grandement.
Ce genre de comportement montre bien l’importance du devoir des citoyens actuels : leur choix de vote. Comment pouvons-nous à l’heure actuelle voter pour ces candidats dont le seul objectif est l’atteinte d’une économie infinie à partir de matières finies ? A la base l’équation est fausse, on ne peut viser sans cesse toujours plus haut avec de moins en moins de ressources mises à contribution par la Terre. Pour palier ce manque, on élabore des produits de synthèse qui sont une catastrophe pour l’environnement dans la très grande majorité des cas ainsi que pour la santé dans le cas de produits destinés à l’alimentation. On fonce sciemment dans le mur mais on continue de passer les vitesses… Ces catastrophes naturelles, que ce soient les mégafeux californiens et australiens, les tempêtes équatoriales etc sont des signaux d’alarme que nous envoie la Terre. Pas des signaux d’alarme parce qu’elle est malade, non, nous serions bien trop présomptueux de croire que l’action de l’Homme pourrait la détruire. Ce sont des signaux d’alarme pour nous informer que peu à peu et de plus en plus violemment la Terre va commencer à effectuer un nettoyage, une chasse à la métastase humaine qui a pris trop d’importance en son sein.
Notre société est arrivée à un point où on nous fait croire à des concepts révolutionnaires alors que c’est simplement un retour en arrière, un retour à une époque où les modes de consommation et de production de notre société étaient censés. Le plus parlant est le « Bio ». Dans le fond, qu’est-ce que le bio ? C’est l’agriculture pratiquée depuis les sumériens en -3500 avant JC jusqu’à l’apparition des pesticides dans la seconde moitié du XXIème siècle dont des géants comme Monsanto (comment ne pas parler d’eux de nos jours) se sont empressés de saisir, voire même de créer les marchés. On nous a vendus pendant des décennies des aliments comme nous n’avions jamais vu auparavant : des rayons de pommes identiques, uniformément rouges et brillantes comme de l’argent, des morceaux de viandes énormes à des prix défiant toute concurrence, des fruits exotiques en hiver venus de l’autre bout du monde, quels progrès ! Nous pouvons manger ce que nous voulons, quand nous le voulons. Problème, ces aliments sont médiocres… Ils sont médiocres pour leur environnement de production, ils sont nocifs, ils sont médiocres économiquement et sanitairement parlant pour l’agriculteur et ses voisins, ils sont médiocres pour votre corps (entre les pesticides, insecticides et autres mots en « icides » des plantes, les antibiotiques et hormones du bétail, votre corps n’en ressort pas aguerri…). Donc à tous ceux qui mangent des mangues ou des avocats en France, en plein hiver parce que c’est « healthy », il est important que vous vous renseigniez avant de suivre ces nouvelles modes issues de Pinterest et Instagram qui surfent sur la vague du bio mais qui en oublient le caractère écolo. Ils sont tout sauf écolo en ayant traversé la moitié de la planète, et ils sont tout sauf tout sauf « healthy » car aucun ne sont bios. Je ne parle même pas des méthodes de production, notamment l’avocat, dont la culture d’un kilo (deux-trois avocats) nécessite 1000L d’eau.
Fort heureusement les consciences s’élèvent aux quatre coins du monde. On se rend compte que ceux qui étaient des marginaux parce qu’ils vivaient reclus au fond d’une forêt ou d’une montagne avec une vie minimaliste ne sont peut-être pas si dérangés. Comme disait le philosophe indien Jiddu Krishnamurti, « Ce n’est pas signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade ».
Louis GUYON